platres-fictions-fantasmes

L’escalier avec ma technique est devenue une formalité, on emprunte la longue allée menant à la salle de réception. On s’aperçoit vite que sa robe lui enserre les genoux et qu’elle n’a pas trop d’amplitude entre les deux jambes elle a pratiquement les genoux qui se frottent à chacun de ses pas. Par contre ça favorise son apprentissage à béquiller, elle commence vraiment à se balancer en prenant appui sur ses cannes. Le chemin qui mène à la salle des fêtes est assez sablonneux, ses béquilles s’enfoncent un peu quand elle s’appuie dessus. Cela ne lui facilite pas l’allure, surtout qu’on approche des premiers groupes des invités. On entend ‘ …la pauvre…plâtre…mariage…béquilles…pied nu… ». Bref comme on s’y attendait, elle est le centre des discussions. Certains racontent qu’ils sont passés par là et que ce n’était pas évident, que jamais ils auraient eu le courage de venir à un mariage. On a l’impression que pratiquement toutes les personnes ont porté un plâtre. Une connaissance nous ayant reconnu se précipite sur nous les bras ouverts. C’est la tante de la mariée, une personne très dynamique et joviale. Elle fait abstraction complète du plâtre de ma femme, elle s’emballe sur les mondanités habituelles. Elle a juste à un moment demandé ce qui lui était arrivé, comme si elle avait demandé si on avait fait bon voyage. Et puis la voilà partie sur d’autres sujets, évoquant la mariée qu’elle a vu grandir. On se dirige tout en parlant vers la place où les mariés sont attendus. On arrive à notre tour à faire abstraction des commentaires et à s’intégrer dans la foule totalement. Tout le monde commence à s'y faire de voir une femme en béquilles et plâtre à un mariage. Les mariés arrivent dans leur voiture ancienne. Une mustang 66 cabriolet, bleu éclair ! ma voiture idéale !!! Pendant que je m’approche sans réaliser que je laisse ma femme seule, la mariée l’aperçoit et se précipite vers elle. Marc l’a mis au courant de toute l’histoire pendant qu’elle attendait le maire. Elle nous remercie vraiment sincèrement d’être restés au mariage. Elle l’entraîne petit à petit vers l’entrée, et c’est ainsi que nous rentrons juste derrière les mariés. Ma femme a un peu l’impression, étant donné que tout le monde est derrière elle, que c’est un peu elle qui donne le rythme de la marche. On s’installe à notre table, tout prés de celle des mariés. Cette dernière aurait aimé qu’on soit à sa table, mais vu le faible espace entre les tables, ma femme est mieux dans ce coin où elle peut poser sa cheville sur une chaise. !!! La hauteur d’une chaise n’étant pas suffisante, je me débrouille pour lui trouver 2 petits coussins pour élever encore plus son plâtre. Bien que sa cheville soit exposée à la vue de tous, et que sa position n’est pas tout à fait confortable, elle en tire les bénéfices par une meilleure circulation du sang. Il était temps vu l’état de son bout de pied tout enflé !!! Nous formons une table de 4 avec Marc et Aurélie.

Le mariage se déroule bien avec ses surprises préparées par les proches et le repas. Le peu de personnes que nous connaissons passent nous voir pour prendre des nouvelles. Le plâtre et les orteils attirent le regard de tous, c’est l’attraction de la soirée.

Nous avons une visite surprise du petit garçon curieux que nous avons rencontré à l’hôtel. Il s’approche du plâtre de ma femme et demande si il peut toucher. Avec son accord il se rend compte qu’en fait le plâtre est très dur et évoque son coté d’emprisonnement de la cheville. Il se demande si son pied sera prisonnier toute sa vie. Comment on va lui enlever ce truc dur, qui lui semble incassable ? Il lui touche les orteils et lui demande si elle a mal. Il commence à jouer au docteur. Ma femme qui adore les enfants se prend au jeu et s’amuse avec lui. Plus tard dans la soirée elle me dira qu’elle aimerait bien en avoir un à elle.